Du Bureau Héraldique...

La voix vive, presque autoritaire qui se fict entendre à travers l'huis la surprit, elle qui estoit tant accoutumée aux discrètes reparties de sa filleule. Elle hésita un instant devant la lourde porte, avant de hausser les épaules en secouant la teste. Après tout, la porte estoit si épaisse, tout comme les murs, que la jeune baronne devoit certainement lever hault son organe pour se faire ouïr de ses visiteurs.

Posant donc sa main sur la poignée, Eloin poussa la grande masse de bois et entra dans le bureau, gratifiant sa filleule d'une respectueuse révérence, comme celles qu'elle accordoit à la feue duquessa. Ici n'estoit point Lesparra, les embrassades et aultres baisers sur le front n'y devoient donc point avoir cours !
La bordelaise eut un léger sourire en voyant le monticule de parchemins entassé sur un coin du bureau, notant avec un regard amusé les mains tachées de la jeune fille. Ainsi, elle aussi avoit du mal à garder les mains propres dès lors qu'il falloit toucher à de l'encre, voilà qui la rassuroit !

Adiou, donaisela ! J'ai besoin de brisures et de quelques aultres petits travaux, pour les membres de ma famille, comme je vous l'avois dict en Lesparra. Avez-vous quelques instants de liberté, ou faut-il que je revienne plus tard ?

Un grand sourire apparût sur mes lèvres en voyant Eloin entrer dans mon bureau. Elle me rappela notre précédente conversation sur les brisures familiales, et je fus bien heureuse qu'elle n'ait pas changé d'avis et acceptât de les confier à mes mains encore en apprentissage plutôt que de requérir l'aide d'un héraut plus expérimenté.

Bonjòrn mairina! Installe-toi, je t'en prie: j'ai tout à fait le temps de m'occuper des blasons de ta famille. Dis-moi tout: combien de membres souhaitent un blason? Il va aussi me falloir des informations sur ta généalogie, afin de savoir quelles brisures employer.

Elle prit donc place sur l'une des cathèdres et posa la pochette sur ses genoux, en retirant plusieurs documents.

Tout d'abord, voici le blason de ma jeune soeur, Marye, qu'il faudrait briser pour le pouvoir attribuer à ses deux enfants, une fille et un fils. Elle n'est point mariée, donc ces petits sont illégitimes selon les lois héraldiques... D'ailleurs, je me demandais, si un jour Marye venoit à espouser Lost35, le père de ses enfants, pourraient-ils estre reconnus et ainsi légitimés ?

Eloin sortit ensuite un parchemin qu'elle déposa sur le bureau.

Je vous ai amené l'arbre généalogique de la famille, enregistré par Sylvestre, pour faciliter les choses.

ylalang a écrit:

FAMILLE BELLECOUR



Blasonnement : d'azur à l'hirondelle au naturel volante en bande

Devise de la Famille : ""Foy et Labeur"
Devise de Eloin : "Pour Dieu et les miens"

• Prime génération
  
  1. Feu Henri Bellecour*
  = épouse feue Marie*
  
  2. Feu Alphonse Bellecour*
  = épouse feue Louise*
  
  3. Feu Louis Bellecour*
  = épouse feue Marguerite*
  

• Seconde génération
  
  De l'union légitime de Henri et Marie
  
  1.1 Philippe Orier Bellecour, dict Pobelcourt, intronisé moine cistercien le 24/03/1454 à l’Abbaye Sainct Arnvald de Noirlac, ordonné prêtre le 05/04/1454 par Mgr Fredstleu en l’église d’Embrun, nommé archevesque d’Embrun le 18/12/1455 par feu Mgr Robert Savoie.
  
  1.2 Feu Damien1414 Bellecour, Prieur de Sénanque, Agent Inquisiteur, Curé de Clermont, Père Cistercien et Prêtre Missionnaire.
  
  1.3 Feu Martin Bellecour
  
  1.4 Jean-Edouard Bellecour, dict Cœur Noir
  
  De l'union légitime d'Alphonse et Louise
  
  2.1 Feu Mlle Loulou Bellecour, Née à Forcalquier en 1420. Grande Chancelière Impériale, Consultante en diplomatie pour l’Eglise, Pronotaire Apostolique, Révérande mère des Augustines, ordonnée Abesse de Draguignan par Son Éminence Eckris (alors archevêque d'Aix), Mairesse de Draguignan, Membre du Parlement de Provence, Conseillère Extraordinaire de Provence, Juge de Lorraine, Mère Cistercienne, Censeur de l’Eglise Aristotélicienne. Décorée de l’Etoile d’Or de l’ordre de l’Etoile d’Aristote.
  Décédée le 02/02/1455.
  
  2.2 Feu Arthùs Bellecour (1416-1451)*
  =épouse feue Enrieto Cristole (1418-1452)*
  
  De l'union légitime de Louis et Marguerite
  
  3.1 Feu Pierre Bellecour*
  =épouse feue Paula Lefebvre (1410- ?) *
  

• Tierce génération
  
  De l'union légitime de Arthùs et Enrieto
  
  2.2.1 Feue Heulynn de Cadenet Bellecour
  Baptisée par la diaconesse Babette570 le 4 janvier 1455 en l'église de Forcalquier.
  Disparue sur les routes de France au cours de juillet 1457.
  
  = époux feu Jean II
  Mariage célébré par le diacre Alastor54 en la chapelle de Fayence, le 14 juillet 1455.
  Décédé.
  
  = époux feu Kallias Alciato
  Mariage célébré le 28 juin 1456 à Bayonne (selon les rites tziganes)
  Disparu sur les routes de France au cours de juillet 1457.
  
  2.2.2 Dolphin
  Baptisée le 10/02/1455 à Marseille, par Angeloy.
  
  = époux Didjo
  Baptisé le 16/01/1455 à Marseille, par le Pater San Giovanni.
  
  De l'union légitime de Pierre et Paula
  
  3.1.1 Eloin (10/12/1435), dame de Chérancé, ennoblie par Izarra de Ozta d'Harlegnan
  Baptisée par la vicaire Lexartey, le 18 novembre 1455, en l'église Saint Nicolaïde de Montmirail.
  
  =époux Lorenzo Donatello dict Doby, Docteur Es Etat
  Mariage célébré par l'évêque Avalon1313 en l'église Saint Nicolaïde de Montmirail, le 30 octobre 1456.
  
  3.1.2 Gabrielle dicte TheGoldendragon (06/04/1436)
  Baptisée à Vienne le 5 novembre 1454 par Mgr Jehan Méléagant, alors cardinal émérite et archevesque de Vienne.
  
  =époux Gostan
  Baptisé à Vienne le 5 novembre 1454 par Mgr Jehan Méléagant, alors cardinal émérite et archevesque de Vienne.
  Mariage célébré à l’Abbaye Sainct Antoine de Vienne, le 6 novembre 1454.
  
  3.1.3 Handek (18/07/1437)
  Baptisé par la diaconesse Eloin, le 01 septembre 1456 en l'église Saint Nicolaïde de Montmirail.
  
  3.1.4 Marye (05/1439)
  
  3.1.5 Lilie, dicte lilie79 (29/09/1440)
  Baptisée le 28/04/1457 à Carcassonne, Basilique Sainct Nazaire, par la diaconesse Cyrianna de Tourville (Cyrianna2002).
  
  

• Quatrième génération
  
  De l'union légitime de Heulynn et de Jean II.
  
  2.2.1.1 Feu Antonio-Vittorio
  Bâptisé par le curé Xolotl le 30 septembre 1455 en la chapelle de Fayence.
  
  De l'union légitime de Eloin et Lorenzo
  
  3.1.1.1 Enzo, Né, le 20/02/1457.
  
  3.1.1.1 bis Feu Luca*, Né, le 20/02/1457, décédé le 25/06/1457 à Lesparra, Guyenne, sans avoir pu recevoir le baptême aristotélicien.
  
  De l’union légitime de Gabrielle et Gostan
  
  3.1.2.1 Feue Clémence
  
  

• Branche illégitime
  
  
  
  
  • Tierce génération
    
    De l'union illégitime de Mlle Loulou Bellecour et d'un père inconnu
    
    2.1.1 Feue Elisabeth
    
    De l’union illégitime de Marye et de Lost35
    
    3.1.4.1 Amaryes (19/05/1457) *
    3.1.4.1 bis Delost (19/05/1457) *
    
  
  
  
  
  
• Chef de Famille : Eloin
  Héritier légitime : xxx
  

* : [N'a pas existé IG]


Créé le 12 Mai 1457 par Sylvestre

Je l'ai moy-mesme mis à jour, ayant découvert que plusieurs membres de la famille dont je n'avois point eu de nouvelles depuys longtemps avoient en réalité rejoint le Très-Hault, un pigeon est parti vers Sylvestre pour luy demander de bien vouloir prendre en compte les modifications nécéssaires.

Il faudrait ensuite réaliser un blason pour Dolphin, soeur cadette de ma défunte cousine Heulynn...

Il y avoit également quelques aultres petits travaux, mais pour le moment c'estoit assez, l'on verrait dans la suite de la conversation...

Alexandre, nouvellement Vicomte de Nérac, frappa à la porte du bureau du Héraut de Guyenne et entra une fois qu' il y fut autorisé.

Bien le bonjour Suzeraine, ou devrais je dire Guyenne...

Je viens te voir pour te poser une question sur le vicomté de Nérac. Pourrais tu me dire quelles sont les trois seigneuries attachées à celui ci ?

Ce n' est pas urgent , prends ton temps si il te faut chercher.

J'avais examiné avec attention les documents fournis par ma marraine. C'est qu'il ne s'agissait pas de se tromper dans les branches de la famille! Bien. Trois blasons donc. Saisissant un morceau de papier encore vierge, je commençais à y tracer quelques esquisses tout en répondant au questionnement d'Eloin.

Tout à fait marraine. Si ta soeur épouse aristotéliciennement le père de ses enfants, ceux-ci seront légitimés par cette union.

Je laissai passer un temps de silence assez long, absorbée que j'étais par mes travaux, avant de les juger assez présentables pour les montrer à la jeune femme.

Voici une première idée en partant du blason actuel de ta soeur: pour l'aîné de ses enfants, l'on ajoute en brisure le bâton péri en barre de gueules: cette pièce rouge qui s'ajoute sur le centre du blason. Et pour son cadet, l'idée est la même, mais le bâton est cette fois de sable, afin de distinguer le cadet de son aîné.



Pour ta cousine, voici ce que je te propose: un blason ressemblant à celui de ta soeur, mais en changeant le métal, la couleur si tu préfères, de la première brisure afin de distinguer les branches de la famille. Ici, j'ai choisi de la passer en argent. Et comme je constate que ta cousine Heulynn est disparue mais point décédée avec certitude, j'ajoute un meuble à Dolphin pour la distinguer de son aînée: un croissant d'argent également.




Je laissai ma marraine étudier mes esquisses afin de me donner ses impressions et en profitai pour faire entrer un second visiteur, qui se révéla être Alexandre, mon vassal.

Le bonjour vicomte! Ma foi, je te laisse le choix du nom, je réponds aux deux rassure-toi!

Voyons voir, Nérac... Les seigneuries en ont déjà été recensées puisque le fief avait été attribué une première fois... Le temps de les retrouver...

Et de partir fouiner dans mes papiers afin de remettre la main sur ceux relatifs à la vicomté.

Ah, les voici! Alors, tu as donc en seigneuries octroyables Caubeyres, Buzet sur Baïse et La Lanne.

Alexandre sourit à Elianor qu' il avait toujours plaisir a voir, et s'aperçu qu' Eloin etait là

Bien le bonjour Dame Eloin, vous vous portez bien ?

Revenant a la petite blondinette

En ce qui me concerne et a moins que cela te choque continue a m' appeler Alexandre.

Alexandre regarde la petite fouiller ses dossiers et retrouver le nom des fameuses seigneuries en un rien de temps. Cela lui rappela la Duchesse Izarra. Comme le temps avait passé...

Je vois que tu es trés organisée, d'ailleurs ce bureau est mieux tenu.

Il regarda les dessins des blasons un instant puis satisfait s' en retourna

Merci infiniment Elianor, voilà qui repond a mon attente. je te souhaite la bonne journée

Alexandre regarda Eloin

Bonne journée a vous, elle fait un travail magnifique notre petite protégée n' est ce pas?

Elle hocha la teste à la réponse de sa filleule, rassurée sur ce premier point. Se penchant ensuite sur les esquisses, elle les examina, souriant devant l'imagination de la nouvelle hérault de Guyenne.

Cela me convient, et je gages que mes parentes en seront ravies, d'autant plus que je vais leur faire la surprise... Heulynn est portée disparue, de faict, et maugré quelques recherches, nul corps ou aultre indice pouvant attester de sa mort ne fut retrouvé, mesme si la demeure qu'elle avoit construite avec son espoux semble estre à l'abandon depuys plusieurs moys, ce qui ne leur ressembloit guère...

Elle n'en dit pas plus sur ce sujet, jà bien assez difficile à évoquer. Elle n'avoit que peu eu le temps de connoistre sa cousine, finalement, à son grand regret.

Entra alors le vicomte de Nérac, auquel elle adressa une inclinaison de la teste accompagnée d'un sourire en guise de salut.

Bonjour Vicomte ! Je me portes à merveille, je vous remercie.

Elle garda le silence durant la conversation du vicomte et de la duchesse, songeant qu'il luy faudrait un jour ou l'aultre rendre un présent offert par la navarraise, et qui n'avoit plus aucun sens maintenant que son fils, ce jeune freluquet pour lequel elle n'avoit nulle estime ni affinité au vu de la façon dont il avoit vendue Aélis au vieux Cassel, avoit repris les rênes du comté maternel.
Eloin releva la teste en oyant Alexandre* prendre congé, et elle sourit de nouveau au jeune homme.

Bonne journée à vous également, Monseh. La Guyenne a gagné là un hérault d'excellente qualité, en effet !

Et, sitost le vicomte sorti, elle profita du silence revenu dans la pièce pour exposer sa question.

Il est une chose dont j'aimerais vous faire part... J'ai l'intention de renoncer au fief de Chérancé que m'avoit octroyé vostre mère. Je ne me sens plus mainoise pour un sou, et je n'ai habité ceste terre que quelques jours, pas assez longtemps en tous cas pour m'y attacher.
Que dois-je faire pour que le fief retourne à son seigneur, messer Guilhem ? Dois-je attendre qu'il organise la cérémonie d'allégeance qui scellera véritablement sa succession au fief comtal de Beaumont, ou puys-je l'informer de ce que je souhaictes luy rendre Chérancé au plus tost ?
Une simple lettre suffira-t-elle, ou a-t-il besoin pour cela de me voir en personne ? Je dois paraistre là bien ignorante, ma filleule, mais je ne m'estois point vraiment posée la question avant. Et je profites de ma visite pour vous parler de cela, ce qui m'évitera de vous ennuyer avec des questions héraldiques en plein tinel de Lesparra !

La duqueseta n'eut point le temps de luy répondre que l'on tambourina à la porte, et la jeune femme se tint preste à quitter la pièce si besoin, se doubtant bien que certains nobles n'accepteraient point de discuter de leurs affaires nobiliaires en présence d'une inconnue...

Désolée pour l'énorme retard, j'avais lamentablement oublié le post...

Je souris, heureuse de voir ma marraine apprécier ma proposition.

Si cela te convient, il te suffira alors de les adresser au héraut généalogiste qui s'occupe de ta famille, afin qu'il puisse modifier ses registres.

Je préférais en revanche ne pas répondre sur le sujet de sa cousine disparue. ll devait être bien assez douloureux de ne savoir ce qu'il était advenu d'un membre de votre famille sans qu'il soit besoin que des personnes qui ne le connaisse pas vous assurent d'une compréhension de pure convenance! Ces personnes fussent-elles votre filleule.

La demande suivante de ma marraine en revanche, me fit hausser un sourcil stupéfait. Rendre Chérancé? Je savais qu'elle avait quitté le Maine après beaucoup d'hésitation, et je ne la pensais pas détachée à ce point de cette terre pour laquelle elle avait tant donné... A moins que ce ne soit son nouveau suzerain qui ne lui convienne pas tout à fait... Mon frère s'était beaucoup éloigné de la famille, et son caractère n'était pas des plus faciles.

En tous les cas, cela ne me regardait pas. Si ma marraine avait souhaité m'en parler, elle l'aurait fait. Aussi me contentais-je de lui sourire avec affection et de lui répondre.

Tu peux tout à fait l'informer sans attendre de ton souhait de lui restituer cette terre marinia. Et un échange de lettre peut suffire, sauf si tu préfères le lui dire de vive voix bien sûr.

Je lâchai un petit rire lorsque ma marraine évoqua son ignorance en la matière.

Ignorante? Non pas marinia! Ce ne sont pas là des choses si courantes, il est bien normal que tu te questionnes à ce sujet. Et puis, pour une fois que c'est moi qui peux t'apprendre quelque chose !

Je m'apprêtais à ajouter quelque chose lorsqu'on toqua à la porte. Une expression renfrognée passa fugitivement sur mon visage, mais finalement peut-être était-ce mieux que l'on vienne nous interrompre. Ce que je souhaitais ajouter, pour le coup, conviendrait mieux à Lesparre qu'à l'Ombrière !

Aussi me tournai-je à demi vers la porte pour inviter l'arrivant à nous rejoindre.

Entrez !

Des voix échangeaient à l'intérieur. Deux voix féminines, dont une qui ne lui était pas inconnue... Cette même voix qui l'invitait à présent à franchir la porte malmenée. Le vicomte fit donc jouer le loquet et se trouva en présence de Guyenne, et de dame Eloin, qu'il avait eu l'occasion d'apercevoir quelques fois.

Le bonjour Elianor ! Dame Eloin... Accompagnant son salut d'une respectueuse inclinaison du chef, Garzim hésita à refermer la porte. La marraine de la jeune De Vergy resterait-elle ?

Laissant cela, le semi-manchot reprit.
Comment vont votre sœur, Aelis, et votre frère Faran ? J'ai d'ailleurs là un pli que j'aimerai vous confier... De l'index de sa sénestre, il tapotait sur sa poitrine, là où sans doute le courrier était glissé dans une poche de son mantel.
Accepteriez-vous de le transmettre à votre sœur ? je serai votre obligé...

Laissant passé un instant qu'il meubla d'un sourire, le plus grand caviste bordelais poursuivit.
Je ne suis bien sûr pas venu seulement pour cela...

Plusieurs hochements de teste accueillirent les responses de sa filleule, et elle se dict qu'elle réfléchirait à la teneur du courrier en question une fois revenue en sa demeure bordelaise, ou, au mieux, en ses appartements de Lesparra.

Elianor autorisa le visiteur à entrer, et elle salua d'un signe de teste respectueux le vescomte de Blanquefort, se souvenant de la grande estime qu'avoit Izarra pour le manchot.

La dernière phrase de ce dernier ne tomba point dans l'oreille d'une sourde, et, tout comme elle avoit apprécié d'estre seule avec sa filleule pour discuter de ses affaires de famille, elle décida de laisser la duqueseta et le vescomte en teste à teste.
Elle quitta donc son siège, adressant un sourire à Guyenne.

J'ai quelques aultres petites demandes à vous présenter concernant ma famille, mais je reviendrais dans quelques jours pour vous exposer tout cela. A moins que vous ne voyez point d'inconvénient à estudier cela au calme de Lesparra...

Vescomte, je vous cèdes la place, vous verrez, nous avons là un excellent hérault !

Et, après une profonde révérence pour saluer les deux nobles guyennois, elle quitta le bureau héraldique en prenant soin de bien refermer la porte derrière elle.

La Dame de Chérancé ajouta encore quelques mots à l'attention d'Elianor puis s'adressa au vicomte.

J'espère ne pas vous faire fuir Dame ! Je serai bien chagriné de presser votre sortie...
Il l'accompagna jusqu'à la porte et répondit à sa révérence par une autre.
L'entrée close, le manchot-raté revînt près du bureau du Héraut.

Concernant cette lettre... Vous savez je crois que votre ainée m'a demandé de prendre en charge l'apprentissage martial du jeune Faran. Voici ma réponse.
Portant à nouveau la main vers sa poitrine, il en tira cette fois-ci le pli cacheté qu'il déposa sur le bureau.
Nous nous verrons décidément bien souvent ma chère.

Mais je ne suis pas ici pour cela, je vous le disais... Quand on rend visite au Héraut de Guyenne, on s'attend à ce que la raison soit en rapport ! Un sourire amusé se dessina sur les fines lèvres du bonhomme, tout à son plaisir de faire durer les choses...
J'ai dans l'idée d'octroyer quelques terres de mes domaines voyez-vous, et les heureux élus, car il s'agit bien de cela, souhaiteraient connaitre le détail des terres qu'il m'est donné d'accorder en octroi. A tout vous dire, je m'intéresse moi-même à la question ! Un léger rire ponctua l'exclamation... En effet, le vicomte aimait autant savoir ce qu'il accorderait à ses vassaux.

Vous m'aviez parlé des seigneuries d'Arsac, du Pian Médoc et de Cantemerle, c'est bien cela ? Vos recherches vous ont-elles portées à quelque nouvelle découverte ?
Se passant la senestre dans ses cheveux hirsutes, le vicomte hésita un instant avant de reprendre.
Et puis... j'aurai aimé parlé blason avec vous également...

J'avais accueilli avec un sourire joyeux le vicomte de Blanquefort, et hochai la tête à ses propos. Je n'ignorais pas en effet que ma très autoritaire aînée avait repris la haute main sur l'éducation de mon petit prince. Du moins l'avait-elle annoncé avant de disparaître à nouveau comme elle en avait l'habitude. Je tendis néanmoins la menotte pour recueillir la missive qui lui était destinée, contente de savoir qu'elle n'avait pas déniché, pour apprendre les armes à Faran, un quelconque mercenaire rustaud et brutal.

Je la lui remettrai dès que possible. Et je suis ravie de la perspective de vous voir régulièrement mon ami.

La suite des propos blanquefortois prenant un ton nettement plus "professionnel" et la discussion s'annonçant longuette, je désignais d'un geste le siège libéré par ma tendre marraine et entrepris de répondre de mon mieux au vicomte.

Mais je vous en prie, prenez place... ll est tout à votre honneur de vous préoccuper de vos terres mon cher, et je puis comprendre la curiosité de vos futurs vassaux. Encore qu'il est assez inhabituel de leur laisser voix au chapitre en la matière mais ma foi, chaque suzerain en use à sa guise.

Je laissais passer un petit rire avant de poursuivre.

Je vous confirme volontiers que le Pian, Arsac et Cantemerle dépendent bien de votre vicomté. Pour le reste, j'ai quelques pistes à explorer mais rien encore d'assez solide pour que je puisse vous en faire part. J'espère pouvoir trouver davantage d'éléments dans certains vieux manuscrits glanés à droite et à gauche mais leur étude me prend du temps, je l'avoue.

Ainsi donc, parlons pour l'heure de ces trois terres. Que souhaiteriez-vous savoir sur elles?

Je vous remercie, nul doute que votre soeur soit soulagée de lire enfin ces mots !

Il s'assit à l'invitation de la baronne et ne chercha pas à contenir un sourire amusé lorsque le Héraut lui fit remarquer que l'usage n'était généralement pas de laisser le choix à ses vassaux. Mais les liens qu'il entretenait avec ceux qu'il avait choisi d'élever au rang de Seigneurs étaient anciens et solides, comme entre frères.
Guyenne lui confirma les trois seigneuries citées et l'informa poursuivre ses recherches, avant de lui demander ce qu'il voulait savoir...

Je comprends bien que la tâche soit ardue Guyenne, et comme en tout, je me fie à votre personne pour découvrir ce qu'il y a à découvrir. Le vicomte accompagna alors son léger sourire d'une inclinaison respectueuse de la tête.
Concernant Arsac, le Pian et Cantemerle, j'aurai souhaité en connaitre les armes et la localisation précise. Je sais que toutes trois sont entre Blanquefort et vos terres de Lesparre...

Je hochai la tête tout en répondant.

En effet, nos possessions sont voisines, bien que vous soyez plus proches de Castelnau que de Lesparre. Quant à vos seigneuries, elles se trouvent toutes trois au nord de Blanquefort, voyez.

Pour ce qui est des blasons, vous pouvez voir ici ceux d'Arsac, et celui du Pian. Celui de Cantemerle en revanche, je n'ai pu le retrouver dans les archives. Il conviendra d'en confectionner un préalablement à l'octroi de la seigneurie.

Le choix n'est... pas tout à fait entier, en effet. Il conviendra bien sûr que le blasonnement choisi respecte les règles héraldiques en la matière. Ainsi donc, point d'enquerre, ou d'émaux fantaisistes par exemple.

Je laissai flotter un sourire malicieux sur mes lèvres. Puisque le vicomte paraissait enclin depuis quelques jours à me taquiner par ses multiples questions, je pouvais, moi, lui rendre la pareille en employant à dessein le jargon quelque peu obscur de l'héraldique. Na!

Il faudra également s'assurer que le blason ainsi créé n'est pas déjà celui d'un fief ou d'une noble famille existant.

A ces menues réserves près, le choix est libre.

Un sourire à peine dissimulé se dessina sur les lèvres du faux manchot alors que Guyenne le noyait dans son jargon... Néanmoins, l'essentiel passa le filtre de la compréhension du vicomte et il hocha la tête lorsque la jeune demoiselle en eut fini.

Fort bien, c'était bien là ce que j'entendais par "libre". Et bien je crois que les choix sont faits...
Arsac ira au sieur Betoval qui m'a brillamment secondé à la tête de la diplomatie guyennoise et qui a su défendre mes intérêts et ceux de la Guyenne. Quant au sieur Kal, fidèle bras droit et ami de longue date, Cantermerle lui siéra à merveille. Nul doute qu'il fasse ressortir son caractère indépendant sur ses armes ! Un nouveau sourire, malicieux celui-ci, vînt à nouveau s'afficher sur la face du blondinet qui semblait considérer que ses derniers mots devraient paraitre comme un avertissement à son interlocutrice...
Je garderai Le Pian sous ma tutelle directe pour l'heure, mais cela ne durera guère ! Il y aura une jeune Dame du Pian Médoc avant peu...

A ce propos... Quelles sont les démarches en matières d'octroi de fiefs ma chère ?

Je levai les yeux au ciel dans une mimique volontairement très exagérée à l'idée de trop "d'indépendance d'esprit" dans un blason.

Vous faites bien de me prévenir vicomte, j'emporterai avec moi double dose d'encres de couleur le jour où nous établirons les armes de Cantemerle!

Pour les octrois, c'est assez simple: il suffira de convenir d'une date et d'un lieu pour les cérémonies. Au jour dit, le vassal devra vous prêter hommage et vous devrez, en retour, lui promettre de remplir vos devoirs de suzerain. Ce sont les mêmes que ceux que vous avez juré en tant que duc de Guyenne, cela ne vous prendra donc pas au dépourvu!

Un petit rire discret, avant de reprendre.

Le tout devant se faire en ma présence, afin que je puisse témoigner de la validité de l'échange des serments.

Le reste est à votre entière liberté: vous pouvez faire une cérémonie unique ou une par fief, elle peut avoir lieu ici, à l'Ombrière, ou en vos terres de Blanquefort, ou à Bordeaux, à votre choix.

Une fois n'est pas coutume, "Guyenne" n'avait pas d'encre colorée sur le bout des doigts, occupée qu'elle était non à blasonner mais à classer, ranger et trier vélins, parchemins et autres manuscrits. C'est donc sur son escabelle perchée (oui hein, pour atteindre les étagère les plus élevées quand on est haute comme trois pommes, faut une escabelle!) que la surprit le toquement à son huis.

Entrez!

Opération délicate: se retourner, les bras chargés de paperasse, descendre de son perchoir et regagner son bureau. Y arrivera, y arrivera pas?

BLAM

Y arrivera, moyennant la chute de son chargement sur le sol. Gros soupir. Le rangement serait à recommencer...

Entrez!

La voix fluette espérée s'éleva derrière la porte. Garzim passait la tête par la porte quand un bruit de chute se fit entendre. Manifestement, il s'agissait là d'une masse imposante et malgré le peu de temps qu'il se passa avant que le vicomte ne pousse d'avantage son exploration et ne découvre 'Guyenne' haut perchée, il faut bien avouer que d'étranges pensées et réflexions traversèrent l'esprit du blondinet quant à la petite taille de la jeunette, son héritage probable de l'ossature massive de son père, la ceinture de chasteté qui l'alourdissait sans doute et le poids des responsabilités qui devait se faire sentir...

Mais ce n'était finalement qu'un tas de paperasse en tout genre, tantôt reliées (ouf) et tantôt non.. (gniark)
Un soupir de soulagement s'échappa de ses poumons avant qu'il ne s'avance vers l'escabelle et le Héraut désappointé.

Et bien ! Un instant j'ai crains pour vous mon amie ! Fort heureusement, vous avez le pied agile... plus que vos mains peut-être ? Un sourire malicieux vînt accompagner ce petit ajout...

Sans se départir de ce sourire, le manchot raté tendit sa sénestre à la baronne perchée et l'aida à descendre.

Voulez-vous un peu d'aide ? Et sans même attendre la réponse il se baissa pour rassembler le tout en un tas informe...

La mine dépitée, la poupée contemplait l'étendue des dégâts et pestait in petto contre sa maladresse. Avec un petit air déconfit, elle rebondit néanmoins sur la taquinerie du vicomte.

L'on croirait en effet que j'ai deux mains inhabiles... Moi qui jusqu'ici ne me croyait que boiteuse!

C'est en tout cas avec reconnaissance qu'elle accueillit l'aide de Blanquefort pour regagner le plancher des vaches et le remercia d'un sourire de tâcher de rassembler ses documents épars.

Grand merci mon ami mais ne vous souciez point avec cela. Je m'occuperai de reclasser mes documents plus tard. Moi qui me demandais justement ce que j'allais faire de ma soirée...

Rigolarde, la duchesse de poche mais riant jaune tout de même. Elle aurait préféré s'en retourner sur ses terres plutôt que de passer la nuit à l'Ombrière. C'est qu'il est mal famé ce palais, la nuit. Ca se chuchote des histoires de fantômes dans les couloirs, et la gamine n'est que très moyennement désireuse de vérifier la véracité de ce genre de ragots!

Epoussetant sa robe, plus par habitude que par réel besoin, la mioche s'appliqua à redevenir héraut.

Que puis-je pour vous cher vicomte?