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 Conférence sur la tolérance religieuse

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Melior
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MessageSujet: Conférence sur la tolérance religieuse   Conférence sur la tolérance religieuse Icon_minitimeJeu 27 Mai 2010 - 18:57

Isambre a écrit:
Compte rendu de la conférence du 25 avril:

Citation :
Le thème de la conférence était : la Tolérance religieuse.
Présents à la Tribune et ont pris activement part aux débats : Messire Constant Corteis, Monseigneur Bardieu et Monseigneur Odoacre ainsi que Messire Nicolas_ Eymerich.

Suite aux deux interventions de Messire Cortéis et Monseigneur Bardieu, les thèmes abordés ont été les suivants :

-Monseigneur Odoacre a exposé une « méthode pratique pour convertir l’infidèle obtus» : la rencontre avec Dieu, lors du jugement d’un homme après sa mort. Son jugement reporté, il renaîtrait éclairé par la Vérité. Selon Monseigneur Odoacre, il faut donc tuer l’hérétique par amour.

-S’en est suivit une fort intéressante réflexion théologique sur la résurrection, entre Monseigneur Odoacre et Messire Cortéis. Ce procédé de conversion, est-il une instrumentalisation du Créateur ou non ? Cette méthode peut-elle mener à la damnation éternelle de l’hérétique ? Est-ce une démission de la part de l’Eglise face à la tâche qui lui incombe ? C’est finalement sur les modalités et l’essence même du salut que s’est achevé ce débat. Les deux interlocuteurs n’ont pu se mettre d’accord. Le débat n’est donc pas clos.

-Un membre de la communauté réformée c’est longuement exprimé sous forme de prêche à l’assemblée, alors que tout discours apologétique avait été banni de l’amphithéâtre. Il a ensuite omis de répondre aux questions des intervenants.

-Messire Eymerich a réagit aux propos de Messire Cortéis, en mettant en cause le rôle de l’Eglise face à la communauté des fidèles et notamment concernant son action pédagogique dans l'enseignement de la foi. La fin des débats s’est tenue sur la comparaison entre l’enseignement pastoral de la religion spinoziste et aristotélicienne.

L’Université de Guyenne remercie chaleureusement les deux éminents intervenants de cette conférence, Messire Constant Cortéis et Monseigneur Bardieu ainsi que sa Grâce Mélior pour sa présence et son attention. De même tenons à saluer avec toute notre gratitude Monseigneur Odoacre l’heureux initiateur de cette conférence. Nous saluons bien sûr les étudiants de l’Université de Guyenne qui ont assisté studieusement à cette expérience ainsi que l’ensemble des Guyennois ayant fait le déplacement.

Nous remercions l'aimable étudiante qui a pris en note les conférences des deux intervenants.

[en cours de copie dans notre scriptorium, veuillez patienter]
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MessageSujet: Re: Conférence sur la tolérance religieuse   Conférence sur la tolérance religieuse Icon_minitimeJeu 27 Mai 2010 - 19:01

Isambre a écrit:
Première intervention de Messire Constant Corteis, archidiacre de Périgueux, directeur du département ontologie à l'Académie Royale:
Citation :

"Bien, je commencerai par vous dire bonjour à tous. Je souhaiterais tout d'abord remercier l'Université de Guyenne de me permettre de prendre la parole dans un cadre si prestigieux.
En revanche, devant l'importance du sujet dont il m'incombe de parler, je me permettrai, avec votre autorisation, de couper court aux mondanités pour en venir directement au fait.

L'intitulé de cette communication vous a été donné par dame Isambre. Il s'agira donc de parler de tolérance.
Je vous confesse un certain enthousiasme à l'idée d'aborder un thème si particulier. Il est vrai que rares sont les sujets qui soient de nature à concilier une véritable profondeur dogmatique à des enjeux si concrets. La question de la tolérance, à plus forte raison, disons-le franchement, dans une situation de tension telle qu'est celle de la Guyenne actuellement, est une problématique qui s'impose à chaque aristotélicien. Bien loin des subtilités, que je ne m'accorderais toutefois pas à qualifier d'absconses, en lesquelles s'épanouit la théologie, le questionnement autour de la tolérance est avant tout d'ordre pratique.

Que devons-nous faire, en tant qu'aristotéliciens, vis-à-vis de personnes dont les croyances sont différentes des nôtres ?
Voici une interrogation simple, presque enfantine. C'est pourtant précisément là que se nouent les enjeux du problème. Aussi, c'est à elle que nous reviendrons sans cesse, comme une sorte de point de repère, afin de nous éviter de nous égarer. J'ose abuser de votre bienveillance en vous gratifiant d'un terme un peu boursouflé, et vous annonce que mon propos sera une praxologie. Ce qui m'intéressera, c'est beaucoup moins ce que nous devons penser de la tolérance que ce que nous devons faire d'elle.

Alors, j'anticipe à la hâte le questionnement qui sera peut-être le vôtre. Pourquoi ce pragmatisme ? Pourquoi ne s'intéresser qu'à la pratique ?
La réponse est assez simple : il y a urgence. Je ne compte plus les fois où j'ai vu ressurgir ce problème, prenant acte de chaque contestation du dogme aristotélicien pour surgir, sans jamais être posé en termes satisfaisants. De cela résulte un bon nombre de catastrophes et de situations, certes tendues, dont la gestion désastreuse aboutit au drame.

Jusqu'à présent, la mise en route était difficile, et Constant avait peine à refouler la poussée d'espièglerie infantile que l'agitation ambiante avait fait naître en lui.

Que devons-nous faire face à l'hérésie, donc. Entendu que j'emploierai le terme hérésie de manière assez générale, comme désignant la remise ne cause du dogme aristotélicien.
Devons-nous la tolérer ? Pouvons-nous supporter que des gens aient de croyances qui remettent en cause les principes de l'aristotélisme ?

Je poserai dès à présent ma thèse.
Jamais, et en aucune circonstance l'aristotélisme ne peut admettre que l'on face preuve de la moindre tolérance envers l'hérésie, et, partant, la seule, et unique, modalité de relation valable qu'il reconnaisse vis-à-vis des hérétiques est une totale et implacable intolérance.

Voulant ménager une sorte de petit effet dramatique, Constant laissa résonner quelques instants ces dernières paroles.


La question est donc à présent de déterminer pourquoi.
Je donnerai deux axes de réponse, qui se suffisent chacun en eux-même mais se complètent néanmoins l'un l'autre.

Tout d'abord, présentons les données de base. Tout aristotélicien est persuadé que le destin post mortem d'un homme se joue à travers ses actions dans notre monde sub lunaire. Tout aristotélicien est également convaincu que l'homme qui sombre dans l'hérésie agit bien mal, et compromet son accession au paradis solaire.
Pour qu'il y ait proprement tolérance de cet état de fait, il faudrait, premièrement, que l'on reconnaisse le problème, et secondement, que l'on refuse d'y apporter une solution.
Au nom de quoi ? Quel principe peut-on ériger au dessus de la nécessité d'oeuvrer pour le bien d'autrui ? Quelle pourrait être cette bienveillance perverse que l'on prétendrait avoir envers quelqu'un pour lequel on refuse de tout faire pour qu'il s'en sorte ?

Il n'y a selon moi aucune réponse satisfaisante à ces questions, et la seule chose qui fonde la tolérance est une impardonnable faiblesse, ou mépris coupable.
Interrogeons-nous, tiens. Soyons francs avec nous-même. Qui d'entre vous n'a jamais ressenti cette pointe de condescendance que l'on trouve dans la bouche des apôtres de la tolérance à l'égard de ceux qu'ils pensent défendre ? On pardonnerait aux hérétiques comme l'on pardonne à l'enfant de n'être pas assez sage pour ne pas s'attacher à de futiles histoires, et comme l'on pardonne aux chiens de ne savoir s'exprimer que par des aboiements. Partout ici nous trouverons ce mépris de l'homme que l'aristotélisme ne saurait faire sien. Tout homme est capable de comprendre et de réaliser son essence dans le chemin de l'Église. Tolérer qu'il ne le fasse pas est au mieux une faiblesse, une paresse d'âme peu recommandable, au pire, l'intolérable violence de déchoir un homme de la dignité qui est sienne.

Je ne suis pas sans savoir que ces propos résonneront de manière assez dure. Mais je les crois justes.
Je ne blâme personne toutefois. L'homme est faillible, et la faiblesse le guette toujours. Toujours l'ami sera tenté de ne pas voir les tares. On fera du déni, tâchant de se persuader que tout ca bien, découragé par les efforts que l'on sait pourtant devoir être faits. Ceci est bien sûr pardonnable. Mais ne faut-il pas qu'une chose soit coupable pour qu'on puisse la pardonner ?

Voilà mon premier axe. Qu'elle s'opère par le déni, la paresse ou le mépris, la tolérance offense les principes de l'aristotélisme en ce qu'elle participe à la condamnation du âme.
Mais il y a bien plus. Venons-en au second axe.

Je me permets de vous citer un passage que je n'hésite pas à qualifier de fondamental du Livre des Vertus, dont l'importance n'est à mon sens pas suffisamment mise ne exergue. Il s'agit du chapitre IV.7 du livre de la fin des temps :

Citation:
“Vous êtes jugés un à un lorsque vous mourrez, mais cela ne sera pas toujours le cas. En effet, j’ai laissé la créature à laquelle Je n’ai pas donné de nom prouver ses dires, selon lesquels c’est au fort de dominer le faible. Si, encore une fois, vous vous détournez de Moi en trop grand nombre, ce que tu as vu dans la flaque s’accomplira. Si vous oubliez à nouveau l’amour que J’ai pour vous et que vous ne m’aimiez plus à nouveau, cela sera vérité. Si Ma parole, révélée par Aristote et Christos n’est plus écoutée, Je détruirai le monde et la vie, car l’amour n’en sera plus le sens. Alors, prends garde à ne pas laisser Ma parole se perdre dans les gouffres de l’oubli.”

Là encore, Constant laissa planer les mots quelques secondes.

Je crois que l'enjeu est clair. Il est pour ainsi dire total.
Cet amour qui est le sens du monde et de la vie, il ne saurait par évidence s'exercer que dans le cadre de l'aristotélisme. L'hérésie le compromet, elle le piétine. En cela, elle est la forme de danger la plus radicale qui puisse être imaginée. Elle menace non seulement le monde, mais sa raison d'être. Elle insulte chaque chose, la terre, l'eau, l'air comme le feu, chacune des pierres assemblées ici pour ériger ce lieu de savoir, chacune des lettres qui composent les poèmes étincelants des aèdes de l'Antiquité, chaque mot d'amour que les cœurs sincères se crient à mi voix et chaque regard tendre qu'une mère jette sur son fils bien aimé.

Me direz-vous que je me perds dans l'emphase ?
Je ne le pense pas, chaque chose parmi celle auxquelles tout le monde s'accorde à donner de la valeur est menacée. Je suis même bien en deçà de la vérité. L'hérésie, devrais-je vous dire, est la Mort en personne, la course à l'anéantissement de toute chose.
Celui qui tolère la mort ne tarde pas à fouler son propre cercueil.

Constant avait laissé un petit moment de silence. Il en était arrivé au point central de son propos, et tenait à ne pas trop en précipiter l'énoncé.

Alors, je pense que nous en sommes arrivés au point le plus important.
Jusqu'à présent, les choses se sont déroulées ainsi. J'ai posé ma thèse, et j'ai tâché de dégager quelques éléments de preuve, lesquels, pour sommaires qu'ils puissent être, ne manquent toutefois pas d'étayer suffisamment mon propos. Mon idée générale était que la tolérance n'était pas acceptable, premièrement car il s'agit d'un refus de venir en aide à la personne qui se fourvoie dans l'hérésie, secondement car il s'agit d'entériner passivement la mise en danger de l'intégralité du monde.

Tout ceci est fort simple, et, au fond, il est possible de le dégager au terme d'un exégèse simpliste. Mais venons-en à présent au point qui me semble être le plus épineux.

J'ai posé le problème de la tolérance à travers la question suivante : peut-on tolérer l'hérésie ? D'un certain côté, la réponse que j'ai apporté est pleine et définitive.
Pourtant, je gagerais volontiers que, en l'état actuel des choses, personne n'est vraiment convaincu par mon exposé. Cette réponse, aussi argumentée qu'elle puisse être, semble irrémédiablement manquer son objet. N'est-ce pas le cas ? Je crains, hélas, que, d'un point de vue pratique, s'en tenir là serait un désastre absolu. Nous sommes ici situés au point où se jouent beaucoup d'échecs, beaucoup d'erreurs et beaucoup d'incapacités à proposer une réponse adéquate à l'hérésie.
Pour le dire simplement : le fait d'avoir répondu à une question n'implique pas que l'on ait résolu le problème. Encore faudrait-il pour cela que la question soit bien posée !

Aussi, je considère pour le moment n'avoir absolument pas effleuré la résolution du problème en tant que tel, mais ne m'être occupé de la dissolution de toute expression qui se ferait de lui autour de la notion de tolérance. C'est pour s'en être tenus là que de nombreux théoriciens se sont condamnés eux-mêmes à la stérilité. Prouver que la notion de tolérance est absurde est chose aisée, mais de ce qu'on a mystifié la question ne suit en aucun cas que l'on ait abordé le problème dont on a par erreur accepté tacitement d'en faire l'expression.

Revenons donc à la question initiale, qui était, je vous le rappelle : " que dois-je faire face à l'hérésie ?" De cette question simple, nous étions discrètement passés à l'interrogation absconse et trompeuse suivante : "Puis-je tolérer l'hérésie ?". Comment si l'on pouvait ériger en maxime ce qui, par définition, est une exception ! J'aurais pu m'en tenir là, au fond, et ne même pas aborder un mot de l'aristotélisme. La tolérance est un écart, telle est sa caractérisation substantielle. En faire un principe revient précisément à substituer l'accident à l'essence. Il faudrait être dégénéré, et revendiquer l'existence d'un monde de chaos où nul ordre ne se fasse sentir ! Bref, évacuons définitivement cette vilaine idée.

Le problème qui subsiste, qui est probablement le vôtre en certains cas, celui de tout aristotélicien convaincu vis-à-vis de l'hérésie, est celui des modalités de l'intolérance. La question n'est pas : "dois-je tolérer ?" ; mais : "qu'est-il juste que je fasse, moi qui ne tolère pas ?".

Reconnaissons qu'ici le mystère demeure compact ! De ce que j'ai dit précédemment concernant le fait que l'on ne doive pas tolérer, personne ne tirera la moindre indication pratique, la moindre certitude, la moindre lumière pour guider son action. C'est donc là qu'il faut oser se saisir du problème.

L'une des erreurs classiques que l'on commet est de confondre l'intolérance avec la violence. Je suis persuadé que, de par le fait que j'aie tout à l'heure eut l'occasion de prôner l'intolérance, de nombreux auditeurs auront eu l'image fugace de moi comme étant un être sanguinaire et implacable appelant au bûcher à la moindre contradiction.
Tout ceci est parfaitement puéril, et proprement désastreux pour ce qui est du débat qui nous occupe. Je n'ai, me semble-t-il, jamais toléré l'hérésie. Mais je n'ai jamais mis à mort qui que ce soit ! Et croyez-moi, je gage bien persister ainsi.

L'intolérance implique que l'on propose une réponse à l'hérésie, d'où peut on tirer, au nom de quel amalgame sordide peut-on inférer que cette réponse doive nécessairement être violente ?

Une petite pause, juste quelques secondes, le temps pour Constant de s'éclaircir un peu la gorge et d'ôter de son œil gauche une poussière gênante.

Prenons un paradigme, nous y verrons plus clair.
Alors, évidemment, comme tout paradigme, il ne s'agit pas de le pousser au bout, d'immenses absurdités en jailliraient inévitablement. Il est cependant hautement révélateur pour le point qui nous intéresse.

Parlons de médecine.
Que penserait-on d'un médecin qui amputerait un bras pour une petite coupure au doigt ? Nous dirions qu'il est fou ! Le remède serait terriblement pire que le mal.
A l'inverse, que dirait-on d'un médecin qui se dérobe à prendre la décision qui s'impose face à un membre gangréné ? Qui conseillerait de soigner l'infection par un peu de repos et une barrique d'eau froide. Nous dirions qu'il est incompétent. Ici le remède n'est pas un mal, mais le mal lui-même est laissé à sa fureur galopante.

Le bon médecin est celui qui prend la juste décision. Cela implique deux qualités fondamentales. Tout d'abord, savoir poser le diagnostic, reconnaître la gravité du mal. Ensuite, savoir y opposer un traitement adéquat.
Il en va totalement de même pour ce qui concerne l'Église.

J'entends déjà certaines protestations, issues de gens peu enclins à entériner l'assimilation de leur croyance à une gangrène. Je vous renvois donc aux précautions que j'ai prises en introduisant le paradigme dont je viens de faire usage.

Mais, du coup, combien de niveaux de réponse avons-nous ? Entre l'eau froide et l'amputation, le médecin dispose d'une gamme de traitements différents, qu'en est-il pour nous ?
Je vais essayer de vous en distinguer quatre, que je vous exposerai en commençant par le plus mauvais, pou finir avec celui qui me semble être le meilleur.

Alors, qu'entends-je par pire et meilleur ?
Il ne s'agit pas de dire que l'un serait intrinsèquement plus approprié que l'autre. Nous l'avons vu, de ce côté, tout dépend du contexte.
Ce que je veux dire s'articule autour de deux points. Premièrement, le remède qui intervient le plus tôt est toujours préférable, le meilleur sera donc celui qui prendra l'hérésie au berceau. Secondement, ce qui différencie ces niveaux de réponse est qu'ils sont plus ou moins mauvais en eux-même, à la manière d'une amputation, qui, même si elle peut sauver des vies, reste au fond une catastrophe pour l'organisme.

La pire de toutes les réponses, c'est la violence d'Église. La croisade, les Saintes Armées. Ici, c'est par l'exercice du mal, mais d'un mal nécessaire, que l'Église fait porter sa réponse.
Elle est la pire des réponses car elle entérine la gravité d'une situation. Rappelez-vous donc, il y a quelque temps, de cette secte obscure et effrayante que l'on appelait In Tenebris. Ils avaient attaqué des cathédrales, pillé des villes, je crois, et enlevé le cardinal camerlingue Lorgol, avant de lui mutiler le visage.
Face à cela, l'Église ne peut pas se permettre de ne pas réagir. Elle ne peut pas se permettre non plus de faire porter sa réponse par la parole. Cet amour qui est le sens de la vie selon les textes eux-même souffre de la réponse qui est faite, il souffre de voir l'Église se battre et sombrer dans la violence. Il souffre, oui, à la manière de celui qui a mal lorsqu'on cautérise sa plaie.

Celle qui vient juste après est la justice d'Église. Ici encore, on peut déceler une forme de violence, dans la mesure où il y a contrainte. Mais la violence, en ce cas, est rationalisée. Elle est incomparablement plus noble. Mais en tant que telle, elle ne s'applique déjà plus aux plus graves hérésies. Ce n'est plus la mort qui est le terme, car l'Église abhorre le sang, mais la mise à l'écart. L'hérétique reste en vie, et donc intégré à la communauté humaine, mais il y reste comme une branche morte qui pendrait au bas d'un arbre.

Plus loin encore, nous trouvons la parole. Mais encore faut-il qu'il veuille bien écouter cependant. Quelle meilleure réponse a-t-on à proposer à un hérétique que notre voix pour le convaincre qu'il se trompe ?

J'en trouve une personnellement. Et c'est la dernière des quatre modalités de réponse que je distingue. Il s'agit tout simplement de l'exemple.
Tenez, que ferais-je si je débarquais dans un village inconnu. Prenons par exemple, au hasard bien sûr, Montauban. Arrivé à Montauban, je croise un hétérodoxe quelconque. Un réformé, ou un spinoziste, si on veut. Que dois-je faire, moi qui suis persuadé de devoir les aider ? Je leur saute dessus et les poignarder jusqu'à ce que mort s'en suive ? Je les traîne devant les tribunaux ? Je leur fait tout le jour durant de grand prêches exaltés ? Ou alors, plus simplement, je leur dis bonjour et leur fais un sourire. Je discute simplement avec eux pour leur donner à voir, autant que faire se peut, l'exemple simple de l'exercice de la vertu. Au fond, n'est-ce pas cela qui leur manque le plus fondamentalement, c'est à dire cette foi en la vertu et l'exemplarité de l'Église ?

Alors, bien évidemment, s'il s'avère que l'on me sollicite pour une discussion polémique, ou si je sens simplement que l'homme que j'ai en face de moi est de nature à entendre mes arguments, alors je tenterai de lui parler. Si, au contraire, il ne veut rien entendre, et que, au fur et à mesure de mon séjour, je me rends compte qu'il est parfaitement hermétique, alors sa mise à l'écart me semblera être une option adaptée. Si, non content d'être hermétique, il se montre dangereux, alors il est nécessaire que je me défende.

Voilà, schématiquement, les quatre types de réponses.
Nous disposons à présent, je l'espère, d'un véritable outil pratique, une sorte de grille de lecture, qui nous aidera à adapter notre attitude.
Le point central, à mon sens, est l'exemplarité. Il faut traiter l'hérétique en ami, car le passage d'un niveau de réponse à l'autre n'implique pas que l'on abandonne nos anciennes exigences.
Le prêcheur se doit d'être exemplaire. Que penserait-on d'un prêcheur dont le propos serait convaincant mais le ton hautain et méprisant ? Ne serait-il pas nettement moins persuasif ?
De la même manière, celui qui est chargé d'incarner la justice d'Église ne doit-il pas de même avoir un comportement modèle, ainsi que le verbe haut pour faire résonner la voix du Créateur ?
Et, ce qui est peut-être le plus difficile, le soldat de Dieu ne doit-il pas être vertueux au plus fort de la bataille, et ne tuer que par amour, ne doit-il pas être sûr d'avoir proposé son Verbe avant sa lame, ne doit-il pas avoir le glaive juste ?

Aussi l'exemplarité est-elle l'étoffe fondamentale de toutes les relations que tisse l'aristotélicien. Chacun de nous qui sera confronté à l'hérésie devra y revenir comme le promeneur égaré suivra l'étoile du Nord pour retrouver son chemin.

Constant laissa passer quelques instants. A proprement parler, il avait terminé. Du moins avait-il abordé tout ce dont il souhaitait parler. Il ne lui restait qu'à conclure.

Voilà. Je crois que nous en sommes arrivés à quelque chose qui ressemble d'assez près, non pas à une solution, mais à une méthode permettant de dissiper le problème.
Je ne saurais donner de solution car je n'ai abordé les choses que de manière formelle. En revanche, j'espère que les indications éparses que j'ai pointé permettront à chacun de résoudre les problèmes concrets qu'il pourrait rencontrer.

Je n'ignore pas que l'on pourra me faire des objections, au premier rang desquelles celles qui consisterait à dire que mon exposé ne saurait absolument pas être convaincant pour quelqu'un qui n'aurait pas déjà la foi aristotélicienne. J'en suis pleinement conscient, et c'est parfaitement assumé. Mon propos n'aura jamais été de justifier l'aristotélisme, cela serait prétentieux. Ce que j'ai voulu faire, c'est montrer à des gens, qui peuvent être aristotéliciens ou non, comment l'aristotélisme devait envisager ce problème.
S'il ne saurait être pratique, à l'évidence, l'intérêt théorique du sujet demeure pleinement, même pour des hétérodoxes.
Que certains puissent avoir envie de contester l'aristotélisme lui-même, je peux le concevoir, et tâcherai de défendre son point de vue, mais cela ne saurait remettre en cause mon propos personnel.

Secondement, je voudrais vous encourager à ne pas hésiter à poser des questions. J'ai du considéré de nombreux point comme acquis pour ne pas trop alourdir mon allocution. J'ai tâché de faire au mieux, mais si des zones d'ombre factices s'étaient constituées à mon insu, je serais reconnaissant que vous me le fassiez savoir.
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MessageSujet: Re: Conférence sur la tolérance religieuse   Conférence sur la tolérance religieuse Icon_minitimeJeu 27 Mai 2010 - 19:03

Isambre a écrit:
Deuxième intervention de Monseigneur Bardieu, Evêque de Cahors:

Citation :
Tout d’abord, je tiens à remercier l’intervenant précédent pour la qualité de son intervention. C’est en effet un discours d’une qualité rare pour un simple professeur d’une académie qui a fait ces preuves dans bien des domaines, mais certainement pas en théologie. Mais maintenant, il est temps de laisser parler ceux qui savent.

Pour ceux qui ne me connaissent pas, je suis le frère Bardieu, théologien du Saint Office et j’interviens aujourd’hui à la demande du recteur de l’université de Bordeaux, messire Ombres, ainsi que sous la bénédiction du doyen de la faculté de théologie, monseigneur Aurélien87.

Bardieu se laissa la grâce d’un instant de repos pour reprendre sa respiration. Il vit certains de ces paroissiens de Cahors et de Montauban dans l’assistance et leur adressa un sourire fraternel avant de reprendre.

Le thème de notre journée de séminaire d’aujourd’hui est la tolérance à avoir vis-à-vis de l’hérésie. C’est un vaste sujet et j’espère, avec toute l’humilité qui est la mienne, contribuait à éclaircir dans vos têtes ce sujet afin de faire de vous des théologiens plus responsables et plus éclairés.

Ces séminaires sont aussi pour nous, théologien accompli ou en devenir, de faire le point sur l’état de nos connaissances dans un domaine. C’est aujourd’hui l’occasion de faire le point, avec pour thème, la tolérance vis-à-vis de l’hérésie. Toute connaissance peut être approfondie, car le Tout Puissant nous a créé dans son infini sagesse et l’infini n’est pas quelque chose que nous pouvons atteindre, nous, simples êtres finis face à la gloire de Dieu. Je ne reviendrai pas ici devant vous sur le fait que nous ne sommes qu’un morceau délimité du Tout Puissant, qui nous a créé a partir de lui-même.

Afin que ce moment soit partagé dans l’amitié aristotélicienne qui est la notre et afin que l’échange soit productif aussi bien pour vous que pour moi, je souhaiterai deux choses de votre part. La première a été prévue et organisée par le recteur, il s’agit d’un débat entre théologiens de bonne compagnie, afin d’éclaircir les points déjà mis en valeur par les discours respectifs du frère Cortéis de Périgueux et les miens.

La seconde est votre avis. Je souhaiterai en effet que vous me disiez, au vu des connaissances actuelles, si vous pensez que le sujet de la tolérance vis-à-vis de l’hérésie a été suffisamment développé par rapport à nos besoins en connaissances ou s’il faut aller plus loin dans la théorie.
Dans le domaine des connaissances, il y a toujours plus à savoir. Prenons l’exemple d’un grain de blé. Nous savons qu’il faut le semer, nous savons qu’il nous apportera, une fois la plante mûre, de nombreux grains de blé. Nous savons que pour l’aider, il faut faire l’assolement triennal et les travaux qui en découlent. Nous savons que parfois, quand la terre est trop sèche, il faut l’arroser. Enfin, nous savons qu’une prière protégera le blé mieux que quelconque technique culturale. Est-ce suffisant de savoir cela ? Pour ma part, je pense que non, mais d’autres pensent que oui. Il y a toujours plus à comprendre, mais cela nous ai t’il nécessaire ? C’est sur ce point, pour le sujet d’aujourd’hui bien sur, pour les durs de la feuille, que je souhaiterai votre point de vue.

Abordons donc ce sujet. Vaste sujet que celui de la tolérance vis-à-vis de l’hérésie. Contrairement à ce qu’aurai fait quelqu’un abordant ce sujet de manière primaire, voir scientifique, je vais commencer par définir ce qu’est la vérité divine et ce qu’elle apporte et non pas l’hérésie. Ensuite, je situerai la vérité divine par rapport à notre monde actuel. Ce n’est qu’à partir de ce moment là que je pourrai parler de l’hérésie et du comportement à avoir vis-à-vis de celle-ci.

Bardieu regarda l’assistance sans mot dire. De nombreux hommes d’église, spécialiste du dogme par définition était présent. Au second rang, des étudiants, pas forcément en théologie, était venu par attrait pour la matière, dans un but d’éteindre la soif de connaissance qui étranglait les âmes aspirant à un niveau spirituel supérieur. Le troisième rang était composé des personnes plus démunies, fraîchement arrivées comme modeste étudiant. Il reconnut dans cette catégorie des hérétiques notoires, qui pouvait flâner en Guyenne sans être inquiété. Bardieu se dit que la fin du débat risque d’être houleuse.

Bien, la vérité divine, je disais…ou du moins, j’espère, du plus profond de mon âme, ne pas changer un iota de la parole donnée par Aristote et Christos.

La vérité divine, c’est la réalité. C’est ce que le Tout Puissant a construit en une fraction de pensée. Il s’agit à la fois de la manière dont le monde a été créé, de nous tous en temps que création de Dieu, de l’histoire du monde et de notre avenir.
Cet ensemble est parfait car le Tout Puissant est parfait. Mais l’ensemble seulement et j’insiste sur ce postulat de départ. Chaque partie créée n’a en effet qu’une vision incomplète de l’ensemble. C’est ainsi que nous passons notre vie à se rapprocher des vertus sans jamais les atteindre car seul Dieu peut le faire. Seul la perfection atteint la perfection.

Nous essayons et nous traduisons chaque jour, pour que vous puissiez comprendre, les textes anciens au sein du Saint Office. L’évêque s’arrêta une seconde pour rire intérieurement de sa boutade. Que pouvez t‘il y avoir au sein du sein ? Même dans un office ? Il reprit après sa courte digression intellectuelle le fil du sujet. Ces textes sont l’héritage de ce que nous a transmis le Tout Puissant par l’intermédiaire de ces deux prophètes, Aristote et Christos. Nous savons ainsi la totalité de ce que Dieu a voulu nous transmettre. Nous l’avons traduit pour le diffuser le plus largement possible. La parole, porteur de la vérité divine, est propagée avec foi à travers tout l’empire romain et le monde de la vraie foi.
La vérité a, comme elle le fait toujours face au mensonge, triomphé des paganismes locaux et s’est imposé, par le seul fait qu’il s’agit de la vérité.

Arrêtons nous un instant sur le paganisme. Pourquoi le paganisme s’est t’il implanté ? La réponse à cela est extrêmement simple : l’oubli. Oanylone rasé, il n’y avait plus de relais pour répandre la foi de manière organisée, de sorte à n’oublier personne sur le chemin. Tout sujet de tout Roy sur la terre a besoin d’approcher la vérité. Hélas, quand, à cause des difficultés des routes, du brigandage et d’autres problèmes, la parole divine n’est pas arrivée jusqu’au honnêtes gens, ceux-ci inventent car ils ont besoin de savoir.

Evidemment, le Tout Puissant, en rasant Oanylone, savait les dégâts que cela causerait et à révéler son message à de nouvelles générations d’homme grâce à ces deux prophètes : Aristote et Christos.
Pour propager la foi, Christos a fondé l’église aristotélicienne, notre structure actuelle.

Bardieu fit une nouvelle pause. L’attitude de nombreux étudiants marquait l’interrogation. Bardieu savait qu’il touchait son but, il suscitait la curiosité. Les vieux roublards de l’église, par contre, avait déjà entendu ce discours de nombreuses foi et n’était plus impressionnable, ni à convaincre.

La sainte église commença à diffuser la foi dans toutes les contrées de l’empire romain. Comme toute structure naissante, elle le fit avec un certain amateurisme. Des prêtres formés rapidement, probablement trop, propagèrent le message divin. Évidemment, la pacification des terres faite par l’empire romain, chassant les brigands et les barbares a beaucoup aidé. La paix est un facteur de propagation de la vraie foi.
Mais la volonté de diffuser le message a atteint ces limites puisque plusieurs branches ayant propagées le message se sont écartées de la vérité du message, au fur et à mesure du bouche à oreille et de la parole des prêtres, qui est toujours incomplètes.
C’est ainsi que son la houlette de l’empereur Constantin, que le monde bénisse son nom, le concile de Nicée a réunis en un seul mouvement l’église de Christos. C’est le début de l’ère du questionnement.
Au prix de sacrifice, le Saint Pape Nicolas V a finalement fait sortir la vérité divine complète, remettant Aristote à la place qu’il mérite, en faisant entrer le monde dans l’ère du renouveau de la foi. C’est ainsi qu’il a fallut longtemps lutter contre les effets de la transmission d’un message parfois erroné par la bouche des prêcheurs eux même.
Il ne faut pas leur jeter la pierre, ils ne sont pas parfaits, comme nous tous ici présent.

Mais aujourd’hui, l’église aristotélicienne dispose de moyen pour éviter que ces précédents se répètent. Par exemple, elle dispose d’une congrégation pour la diffusion de la foi qui s’assure qu’un prêtre ne diffuse par un message erroné, mais un message parfait. De nombreux séminaires, dont celui que je dirigeai, le séminaire Saint Benoît de Noirlac, à l’abbaye du même nom, forme les théologiens pour que la vérité divine soit propagée sans être déformée. C’est un peu comme le téléphone sarrasin. Plus il y a d’intermédiaire, plus le message est déformé. C’est ce que nous essayons chaque jour d’éviter en donnant à chaque élément de la chaîne un message clair, distinct et complet.

Bardieu venait d‘achever sa partie sur la propagation de la foi. Il allait maintenant attaquer la définition d’une hérésie.

Evidemment, même aujourd’hui, il y a des zones isolées que le message divin a du mal à arriver. Pour quelles raisons ? Je vous l’ai déjà dit. Si vous avez été attentif, vous le devinerez aisément.

Bardieu écouta la réponse donnée à faible voix par un étudiant du second rang et le félicita.

Bravo, en effet ! Il s’agit des difficultés de communication et des brigands ! Que ferrai ton sans les brigands. Prenons l’exemple d’un cas concret. Vous connaissez tous un endroit isolé dans les montagnes qui abritent des brigands et qui est difficile d’accès ? Un excellent exemple a été encore donné par cet étudiant. Genève est un très bon exemple. L’exemple d’une ville où le message divin a du mal à arriver. Je ne citerai pas non plus la lointaine campagne montalbanaise, non pas le bourg, mais la campagne lointaine.

Je ne vais pas encore demander à ce brillant étudiant, mais par exemple, il est notable de savoir que des brigands ont pillé le château de Pau il y a deux mois de cela. Ces brigands se revendiquaient de l’hérésie. Je reste un pragmatique, je ne pense pas que tous les brigands soient hérétiques, loin de là. J’ai entendu en confession de nombreux brigands, que j’ai absout d’ailleurs, car ils ont abjuré leurs fautes. Je le répète encore, je ne dis pas que tous les brigands sont hérétiques, mais que le brigandage favorise l’isolement des villages et donc freine la propagation de la vérité divine. C’est ainsi que des villes peuvent se retrouver éloigner de la vérité divine.

C’est ainsi que la vérité divine a pu se propager par la stabilité qu’à apporter l’empire romain. Un empire de paix, de commerce et de prospérité. Les invasions barbares ont faillit provoquer un retour en arrière, mais l’amour et la foi ont triomphé des barbares car la vérité divine ne peut pas être stoppé, mais juste ralenti par des hommes confondus par la créature sans nom qui cherche à nous pervertir.

Je vais donc me lancer dans une définition d’un hérétique. Il s’agit d’une personne qui n’a pas reçu la totalité du message ou une partie du message. L’église aristotélicienne a d’ailleurs bien comprit ces problèmes. Le rôle de la congrégation de la saint inquisition, de part ses statuts, est de ramener vers la vérité et de faire abjurer une personne qui a mal comprit le message.

Dans quasiment tous les cas, la personne reconnaît effectivement ne pas avoir tout reçu et s’être fier à la créature sans nom, à défaut d’autre chose.

Bardieu fit une pause. Une nouvelle idée se propagea à travers sa tête et il prit quelques secondes pour l’agencer avec les autres idées qu’ils venaient de donner.

Maintenant que nous savons que l’hérétique est une victime, regardons maintenant l’autre aspect : pourquoi l’hérésie persiste t elle, même au cœur de notre noble Guyenne ? On pourrait supposer, d’après la partie que je viens d’achever qu’il suffit d’apporter le message là où il manque pour que la foi triomphe. Ce n’est pas si simple et je pense ici apporter des éléments de réponse à ce problème.
Plusieurs hypothèses sont possibles. J’ai pour ma part quelques idées.

La première d’entre elle est l’orgueil, probablement influencé par Belial. En effet, la personne ne reçoit aucun message divin. Et cette absence de transmission de message est clairement la faute de l’église. Il existe des personnes, parfois, que nous n’arrivons pas à atteindre, parfois tout simplement aussi parce qu’on nous n’en donne pas les moyens, comme par exemple la nomination des tribuns parmi les hérétiques qui est clairement un blocage de la transmission du message.

L’évêque de Montauban fit un regard noir à un étudiant situé sur le troisième rang qui avait bien besoin d’apprendre.

Alors sous influence, le message de la créature sans nom traverse et s’installe dans son esprit. Après cet épisode, l’homme, souvent isolé, rencontre la cité vivant sous les préceptes d’Aristote et là, le choc est énorme. C’est à ce moment que Belial intervient. Refusant de reconnaître par orgueil ses erreurs, le paysan dans l’erreur devient hérétique. C’est l’orgueil qui lui fait refuser de s’ouvrir à la vérité. Evidemment, c’est très loin de correspondre au enseignement de Miguaël sur le don de soi.

Une autre hypothèse, que je pense plus crédible dans le cas de notre belle Guyenne, est celui de l’opposition. Au même titre qu’un parti politique, certaines personnes pensent que la spiritualité peut se traiter au même titre que la gestion d’une mine ou la conduite d’une guerre. Certains pensent que l’on peut avoir plusieurs mouvements philosophiques autour d’un même sujet et que chacun apporte à la maîtrise du sujet. Cette vision conduit à des notions de majorité, de contrôle, de pouvoir. Ainsi, par exemple pour le domaine militaire, certains préconisent l’utilisation massive d’archers à l’angloise alors que la vision française était la percée de chevalier dans l’infanterie. Les deux stratégies pouvaient coexister philosophiquement parlant. Ces possibilités sont vraies dans tous les cas sauf en théologie. La spiritualité a en effet ce critère absolue : Dieu est parfait et il nous a transmis le message divin par deux messagers, Aristote et Christos. Autant, nous ne savons pas qui, de la stratégie angloise ou de la stratégie française était la meilleure, autant nous savons qu’il n’existe qu’un message divin et que si l’un l’a, alors, l’autre, qui ne l’a pas, est dans l’erreur.

Mais ce mouvement, que nous qualifierons d’opposition, se reconnaît à plusieurs critères : les hérétiques, quel que soit leurs obédiences, vivent ensemble et s’entre aident, ce qui parait inimaginable si l’on considère la vérité divine comme exclusive. Cette forme d’hérésie n’est à considérer que comme une forme d’opposition, non pas à la foi, ni à la vérité divine, mais à la structure ecclésiastique elle-même. Cette forme d’hérésie, quelle que soit son nom, est dangereuse localement, mais n’a aucune vocation plus grande et j’expliquerai cela plus loin. En effet, chaque forme d’hérésie se tolère différemment.

Ma troisième idée est celle du schisme : le schisme est la séparation en plusieurs morceaux de la sainte structure de Christos. La plus importante a été entre l’église d’Orient et l’église d’Occident. Moi-même, j’ai partagé l’obédience sophiste, et je m’en suis repenti auprès du frère Roger à l’époque de mon arrivée sur les terres du Roy de France.

En effet, les aristotéliciens d’Orient ont été dans l’erreur et la plus belle démonstration de cela est la chute de la capitale d’Orient, Constantinople, à laquelle j’ai assisté, en modeste soldat que j’étais. Nous sommes encore dans un cas différent. La réponse que nous avons apportée est celle de l’amour. Lorsque le pape Nicolas V a envoyé des troupes pour aider nos frères d’Orient à lutter contre les turcs, nous, aristotéliciens d’occident, avons montré un exemple de partage.

Ensuite, il existe une dernière catégorie, celle de la non volonté de croire en la vérité divine. Ce n’est pas une hérésie, ce n’est pas une foi non plus. Saint Hyerel nous a décrit ce phénomène assez étrange qui est le refus d’un individu de croire en la vérité. Je passerai sur cet aspect qui n’est pas dans le sujet du jour.

Pour reprendre chacun des points. La première catégorie est à éduquer. Les individus trop orgueilleux finiront par apercevoir dans leur vie une partie du message de Dieu, peux être l’ange Mont Général ou un ange dormant avec des poires.

La troisième catégorie est une branche de notre sainte église, qu’il faut aider pour qu’elle retrouve ces origines aristotéliciennes. La quatrième catégorie est à ignorer, tout simplement. Ceux atteint d’athéisme sont à laisser vivre. Ils finiront, tôt ou tard, par rencontrer et admettre la vérité divine et reviendront dans le chemin de la foi. Bardieu fit une nouvelle pause avant d’aborder la deuxième catégorie. Il avait négligé complètement une bonne partie d’hérésiologies et de paganismes, mais il s’en moquait, il était temps d’aborder la phase finale, c'est-à-dire le vrai sujet.

Mes biens chers enfants, entrons maintenant dans le vif du sujet et abordons la vraie question : la tolérance de ceux qui se revendiquent hérétiques en dehors des trois autres cas. Simplement, je dirai qu’il faut amener tout le monde vers le paradis solaire au moment inéluctable de la mort. Je pense que la duchesse serait d’accord avec moi si je disais qu’il n’y a que deux choses d’inéluctables : la mort et l’impôt.
Toute personne sur notre monde allant vers l’enfer lunaire est une tragédie pour tout croyant digne de ce nom.
Toute personne qui a un message différent du message divin est à éduquer pour qu’il comprenne le vrai message. En attendant, il faut éviter qu’il fasse des dégâts dans la communauté des fidèles. Je soutiens et je revendique que s’il est impossible d’isoler quelqu’un et qu’il continue de propager des fausses idées, il vaut mieux qu’il rejoigne l’enfer lunaire sous la forme d’un tas de cendre fumant.

Mais je tempérerai cette idée dans le cas numéro deux que j’ai abordé. Comme je l’ai dis, il ne s’agit, finalement pas d’un problème de foi, mais plutôt d’un problème politique. Il ne s’agit ni plus, ni moins que d’une opposition politique à une structure, l’église aristotélicienne romaine.
Et nous, membre du saint clergé, nous en sommes responsables. Parfois arrogants, parfois non à l’écoute, nous ne sommes pas parfait et heureusement d’ailleurs.
Mais cette forme d’hérésie ne se développera pas. Autant, par le principe que j’ai exposé de la non contamination, elle est à éliminer, autant elle ne se développera pas plus que la place qu’elle a prise. Au pire, elle essaiera de récupérer des fonctions temporelles, ce qui prouvera bien que le côté spirituel n’est pas sa principale priorité.

Je tiens à affirmer ce principe, qui est valable tant en politique que dans la forme d’hérésie dont je parle : critiquer, s’opposer, est facile. Construire, aimer et prospérer est beaucoup difficile. L’église aristotélicienne, œuvre de Christos a réussit cela par la force de l’amour. Les différents membres des organisations hérétiques, qui ne se sont construit que par opposition par rapport à l’église aristotélicienne, ne peuvent rien construire. Il leur faudrait apprendre l’obéissance. Hors, c’est la désobéissance à l'église du prophète Christos qui les unis.

C’est en cela que je ne crois pas en la diffusion des dogmes averroïstes et spinozistes. Reste maintenant la réalité. Il existe des points de résistance de ces dogmes, souvent organisé autour d’une seule et unique personne. Dans la culture de la réforme, ces personnes portent toutes des noms proches du mot « Sanct ». Sancte et Sanctus en sont le parfait exemple. Pour les spinozistes, déjà plus crédible sur le plan spirituel, bien qu’étant, et je le regrette, dans l’erreur, leur vision du monde les rendent plus facile à approcher par des prêcheurs. C’est ainsi que je préconise que les hérésies soient tolérées différemment selon leur proximité avec un véritable mouvement théologique ou plus un parti politique, voir une association de brigand.

Soyons clair, les spinozistes sont plus proches d’un véritable mouvement théologique. Ils correspondent à un cinquième point que je n’ai volontairement pas abordé lorsque j’ai cité mes quatre points tout à l’heure. Leurs leaders ont ainsi pour objectif d’apporter le paradis solaire à leurs croyants. Avec du temps et de la discussion, nous réussirons à les convaincre qu’ils se sont éloignés du message d’Aristote et de Christos. Concernant les réformés, ils sont plus proches d’une association de brigands qui ont tenté de fabriquer un parti politique.

Pour eux, je pense qu’il suffit de décapiter la tête et le corps, à savoir les fidèles dans l’erreur, tombera de lui-même. Les fidèles pourront ainsi revenir vers la foi.

C’est ainsi que la coexistence, que suggérait le précédent orateur, est une erreur, et que la foi, de part son caractère universel, brillera. Il faut lutter contre les hérésies, mais il faut surtout que l’église soit plus présente au quotidien des gens. Le développement de l’hérésie te que je l’ai décrite, est une réaction face à l’absence, ou, plutôt, à l’arrogance d’une partie du clergé. Seul l’amour doit nous guider, mais le fer de l’épée doit éliminer les hérétiques qui dirigent. C’est ainsi que je propose, ici devant tous, de vaincre ceux qui prêchent, mais de laisser le paix les autres, qui évolueront spontanément vers la foi.

Bardieu acheva sa présentation et demanda.

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